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"Tout le monde peut agir en faveur de la biodiversité"

Voix de la biodiversité

Géoscientifique et agronome, Theres Rutz travaille depuis trois ans au FiBL Suisse dans le groupe Conseil & formation. Dans le cadre de différents projets, elle conseille les exploitations en adoptant une approche globale et est engagée dans la mise en œuvre ciblée de mesures de promotion de la biodiversité dans les terres agricoles. Actuellement, elle participe à la rédaction de la nouvelle édition du guide pratique intitulé "La biodiversité sur l’exploitation agricole".

La Suisse est un pays connu pour la diversité de ses habitats et de ses paysages, ce qui constitue la base d’une agriculture suisse diversifiée et d’une flore et une faune riches, et contribue de manière importante à la qualité de vie de la population. Toutefois, les différents intérêts liés à l’utilisation et à l’aménagement de notre paysage l’exposent à une pression grandissante. En raison de la croissance des surfaces d’habitat et d’infrastructure, du développement des voies de communication et de l’agriculture intensive, les surfaces proches de l’état naturel ne cessent de diminuer. Il n’est pas rare qu’il ne reste que des îlots isolés, ce qui met en péril la survie à moyen terme des espèces. Pour de nombreuses espèces d’abeilles sauvages, par exemple, lesquelles recherchent leurs ressources alimentaires et de nidification dans différents habitats proches les uns des autres, la fragmentation des habitats et la baisse de la qualité de ces derniers constituent un obstacle insurmontable. Cette évolution se reflète dans la Liste rouge des abeilles sauvages, sur laquelle figurent environ 45 % des quelque 600 espèces d’abeilles sauvages. Les listes rouges sont considérées comme un baromètre de la biodiversité. Celle des abeilles sauvages n’est pas la seule à montrer un risque d’extinction élevé pour de nombreuses espèces et un urgent besoin d’agir. 

Possibilités de promotion dans le paysage rural 

La grave menace qui pèse sur de nombreuses espèces a un impact sur les services écosystémiques rendus et affecte fortement l’agriculture suisse. Cela explique le fort engagement de nombreux agriculteurs et agricultrices, soit de manière autonome en entretenant, valorisant ou créant de nouvelles surfaces de promotion de la biodiversité, soit dans le cadre de différents projets de promotion. L’initiative de promotion des surfaces fleuries lancée par l’association apicole Bienen Schweiz en est un exemple. Elle consiste à soutenir financièrement, par des parrainages, les agricultrices et agriculteurs dans la mise en place de surfaces fleuries et de structures favorisant la biodiversité telles que des haies ou des sites de nidification pour les abeilles sauvages. Les projets "Connexions naturelles" et "Strukturreiche Land(wirt)schaft für Wiesel und Co." (Un paysage [agricole] riche en structures pour les belettes et compagnie, ndlt) de l’organisation de protection de l’environnement WWF sont également exemplaires. Ils visent à impliquer activement la population et à la sensibiliser, tout en soutenant les exploitations agricoles dans l’entretien et le réaménagement très chronophages des surfaces de promotion. L’agriculture joue certes un rôle clé dans la préservation et la promotion de la biodiversité, mais cette question concerne l’ensemble de la société. Il devient urgent que les consommatrices et consommateurs ainsi que les politiciennes et politiciens assument également plus de responsabilités. 

Agir soi-même

Très important: tout le monde peut agir, que ce soit en cultivant des espèces végétales indigènes sur son balcon, en laissant pousser le lierre qui grimpe à un arbre mort ou en renonçant à faucher une bordure de champ! Des plantes indigènes à fleurs servant de ressource alimentaire supplémentaire en été ou des structures de nidification telles que des tiges de ronces coupées ou des zones de sol nu sèches et bien ensoleillées favorisent une multitude d’abeilles sauvages et d’autres insectes. Si l’objectif est de favoriser également des espèces spécialisées, lesquelles sont généralement aussi menacées, il est pertinent d’étudier en détail la situation du site et notamment leurs besoins. En effet, cela ne sert malheureusement à rien si seulement une partie des ressources nécessaires sont disponibles ou si ces dernières sont trop éloignées les unes des autres. Certes, un nichoir à abeilles sauvages représente une bonne possibilité d’observation, mais il est pratiquement inutile pour les espèces rares. En effet, une grande partie d’entre elles nichent dans des galeries qu’elles creusent elles-mêmes dans le sol. 

Pour que les mesures prises soient efficaces, il est donc important de tenir compte du contexte écologique. Ce n’est généralement pas trivial, surtout s’agissant des espèces menacées ayant des exigences élevées. La plateforme agrinatur.ch, dont le FiBL est co-responsable, propose de nombreux documents et conseils pour promouvoir la biodiversité dans les zones agricoles. Le site web natur-im-siedlungsraum.ch liste des mesures pour l’espace urbain. Par ailleurs, nous nous ferons un plaisir de soutenir et de conseiller les chef·fes d’exploitations ayant des idées ou l’envie d’agir pour protéger les espèces. En effet, même de petites actions peuvent faire la différence et il n’a jamais été aussi important de préserver ce qui existe encore, car on ne peut pas faire revivre une espèce disparue.

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Theres Rutz

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