Les arbres fruitiers sont classiquement cultivés sous forme de monoculture, même en agriculture biologique. Cela contribue à générer une fragilité de ces agroécosystèmes, et une importante dépendance vis-à-vis des intrants (fertilisants, eau, pesticides…). Le projet PARDESSYM se propose d’explorer la piste de l’agroforesterie (haie-verger, agriculture syntropique, etc.) en vue de « déspecialiser » les vergers : des arbustes, arbrisseaux et arbres de haut-jet sont alors intercalés entre les arbres fruitiers, afin de rendre des services en termes de biodiversité, fertilité des sols, santé des plantes, résistance et résilience vis-à-vis des extrêmes climatiques, etc.
Le projet PARDESSYM prévoit d’évaluer la fourniture de ces services en fonction du niveau de complexification de l’agroécosystème, en installant des vergers agroforestiers on farm et des dispositifs expérimentaux dédiés. Les interactions racinaires et les fonctions du sol, aussi bien que l’impact de l’ombrage sur la photosynthèse ou encore la viabilité économique de tels systèmes, font partie du programme de recherche.
Dans un contexte d’apparition régulière de bioagresseurs émergents, d’interdiction progressive des pesticides, de volatilité du coût des matières premières et de changement climatique global induisant des événements climatiques extrêmes et une tension sur la ressource en eau, les systèmes de production fruitière sont mis à rude épreuve. Un horizon pour les rendre plus résilients pourrait être d’accroître leur diversité végétale, notamment en pratiquant l’agroforesterie, qui consisterait alors à intercaler entre les arbres fruitiers des végétaux pérennes (arbres de haut-jet, arbustes, arbrisseaux, lianes, herbacées) sources de biodiversité, fertilité des sols, et générant des microclimats bénéfiques aux cultures. Des précédents existent quant aux stratégies de déploiement de l’agroforesterie dans les vergers, par exemple la haie fruitière proposée par Evelyne Leterme au Conservatoire Végétal Régional d’Aquitaine, ou encore l’agriculture syntropique, développée par Ernst Götsch au Brésil, et dont l’adaptation aux conditions pédoclimatiques et socio-économiques des régions tempérées suscite actuellement beaucoup d’engouement.
Le projet PARDESSYM se propose d’explorer ces diverses pistes, en posant notamment la question de la complexification des agroécosystèmes fruitiers, des services rendus par les plantes accompagnantes, et des éventuels surcoûts occasionnés par cette réorganisation de l’espace de production.
L’organisation du projet est destinée à équilibrer les actions produisant des résultats sur les court et long termes. Ainsi, des systèmes fruitiers agroforestiers on farm seront implantés sur des exploitations, et feront l’objet d’un suivi dans leurs premières années de croissance. En parallèle, un système agroforestier plus ancien sera le support d’expérimentations destructives visant à analyser les interactions des systèmes racinaires des fruitiers et des arbres de canopée. Des dispositifs expérimentaux ad hoc seront également créés afin d’évaluer l’impact de la taille des plantes d’accompagnement, ainsi que l’influence de l’ombrage sur les arbres fruitiers. Pour compléter ces approches de terrain, des ateliers de conception de vergers agroforestiers permettront d’affiner les outils d’accompagnement au design et à la gestion de tels systèmes complexes. Ces différentes actions fourniront de nombreuses occasions de présenter le projet à des publics d’agriculteur-ices, technicien-nes et chercheur-ses, afin de diffuser les idées et résultats qui en sont issus et de recueillir des retours.
Chef de projet et coordinateur, expériences sur le terrain