La filière des plantes aromatiques et médici-nales (PAM) présente des surfaces en continuelle croissance en Europe (+6% annuel en France par exemple) pour des débouchés dans les secteurs variés de la parfumerie, l’agroalimentaire, du complément alimentaire, de la (phyto-)pharmacie et des cosmétiques. A l’exemple de la France, le plus gros pays pro-ducteur européen avec près de 50'000 ha, seu-lement 10% des surfaces sont actuellement cultivées en mode biologique en Europe, contrairement à la production suisse de PAM qui est presque exclusivement conduite selon le cahier des charges de l’agriculture biologique. Dans un avenir proche, la politique qui prévaut chez nos pays voisins de réduire drastiquement le recours aux produits phytosanitaires de synthèses va fortement accentuer la pression concurrentielle sur la production de PAM en Suisse.
La filière suisse des PAM jouit d'une forte attractivité car elle est très ancrée dans les territoires de montagne et est fortement axée sur des marchés porteurs mettant en valeur l’innovation suisse et l’atout « swiss made » (compléments alimentaires, (phyto-)pharmacie, cosmétiques naturelles, etc). Comme mentionné cidessus, elle est toutefois confrontée à des défis de taille dans un secteur fortement concurrentiel (coûts de production et absence de protection douanière), qui appellent à renforcer le soutien à ses acteurs pour favoriser son développement.
La filière suisse des PAM doit impérativement optimiser ses coûts de production pour, d’une part, consolider ses débouchés actuels et favoriser le développement de nouveaux produits, et, d’autre part, continuer à bien se positionner par rapport au développement à l’étranger des cultures de PAM biologiques.
La gestion biologique des adventices dans les cultures de PAM en Suisse est le principal frein technique et économique de cette filière avec 75% des besoins en main d’œuvre et 35-40% des coûts de production (Valplantes et ArGe Bergkräuter, communication personnel). Les défis sont dus au caractère pluriannuel de cultures comme la menthe qui sont cultivées en larges plates-bandes. Contrairement aux cultures annuelles ou aux cultures en ligne, les techniques utilisées en maraîchage ou dans les grandes cultures ne peuvent souvent pas être utilisées dans les cultures de PAM. En raison de sa gestion difficile, la pression des adventices dans ces cultures vivaces augmente continuellement au fil des ans. De plus, les coupes totales successives et les exigences de qualité très élevées du produit récolté en termes d'absence de mauvaises herbes (en particulier les adventices produisant des alcaloïdes pyrrolizidiniques) exigent le maintien de cultures pratiquement exemptes d’adventices au moment de la récolte. Pour ces raisons, dans de nombreux cas, le dés-herbage manuel est la seule technique disponible pour la gestion des adventices dans les cultures de PAM.
Actuellement, c’est une démarche très individuelle qui prévaut, chaque paysan recherchant une solution personnelle dans le contexte propre de son exploitation. Le développement récent de nouvelles technologies, la dispersion des informations existantes tant en Suisse qu’à l’étranger, l’absence de données chiffrées et la très grande diversité des espèces de PAM cultivées (~45 espèces) ne permettent pas actuellement de connaître les réalisations et recherches existantes dans ce domaine pour promouvoir et évaluer les plus intéressantes.
Ce projet a pour objectif d’optimiser la gestion non chimique des adventices dans les cultures de PAM pluriannuelles pour diminuer les coûts de production sans impacter la qualité des pro-duits. Le premier objectif est de faire la synthèse des pratiques de désherbage en Suisse et à l’étranger utilisées dans les cultures de PAM mais également dans des cultures présentant de fortes similitudes (besoins de désherbage de l’interligne et dans de larges plates-bandes) (Axe 1). Ceci va être réalisé au moyen d'une recherche documentaire approfondie et en incluant les expériences des producteurs (inter-views et tables rondes). Dans un deuxième temps, une sélection de pratiques agronomiques et de matériels les plus prometteuses à tester sera effectuée à travers une approche participa-tive avec la pratique (Axe 2). Ces techniques seront ensuite testées sur le terrain chez des producteurs (Axe 3) et les résultats seront dis-séminés au sein de la filière (Axe 4)
Office fédéral de l'agriculture OFAG
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