Depuis 2010, une nouvelle maladie causant la chute des feuilles, appelée Marssonina, constitue un véritable casse-tête pour les producteurs et productrices de pommes en Europe. Les premières taches apparaissent dès juin et s’étendent jusqu’à ce que la feuille jaunisse, puis tombe. Un arbre peut ainsi perdre une grande partie de son feuillage avant même la récolte, ce qui diminue le rendement. Jusqu’à présent, la maladie et les moyens pour la combattre étaient relativement méconnus. Dans le cadre d’un projet de recherche, le FiBL s’est donc penché attentivement sur la biologie du pathogène fongique et sur les solutions permettant de protéger les pommiers.
Un pathogène qui a peu muté
Les recherches menées sur le pathogène Diplocarpon coronariae (anciennement Diplocarpon mali) ont apporté une nouvelle, tout au moins provisoirement: «la population est relativement uniforme au plan génétique dans toute l’Europe, ce qui est caractéristique d’un organisme récemment introduit», déclare Thomas Oberhänsli, biologiste moléculaire du groupe Protection des plantes et phytopathologie du FiBL. «Ainsi, nous avons encore de bonnes chances à l’heure actuelle d’endiguer la progression du champignon en cultivant des variétés de pommes robustes.» Malgré ces efforts, le champignon ne tardera pas à muter et à s’attaquer aux variétés actuellement résistantes. Pour l’heure, certaines variétés modernes comme Ladina, Discovery et Galant ou les pommes à cidre Blauacher, Bohnapfel et Tobiässler résistent encore plutôt bien à Marssonina. La lutte contre ce champignon est cependant difficile. Contrairement à la tavelure, le broyage de la litière ou l’enlèvement des feuilles tombées en automne ne semblent pas efficaces pour diminuer l’infestation l’année suivante. Les essais ont toutefois montré que la fréquence de traitement avait une influence non négligeable.
Argile et sulfure de calcium: traiter souvent pour mieux protéger
D’après nos observations, les mesures phytosanitaires doivent être prises dès le mois de mai et jusqu’à la fin de l’été pour garantir une protection satisfaisante. Dans les plantations fortement touchées où sont cultivées des variétés sensibles, il est nécessaire de recourir à des traitements aussi bien préventifs, tels que la préparation à base d’argile MycoSin, que curatifs comme le sulfure de calcium. Dans ce domaine, le modèle prévisionnel RIMpro Marssonina est un outil extrêmement fiable pour une utilisation ciblée au moment propice. Des recherches sur la libération des spores ont montré que le modèle permet de prédire très précisément les périodes infectieuses.