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Risque de résidus dus à la dérive dans les petits vignobles biologiques suisses

Une main gantée remplit des raisins dans un sac en plastique lors du prélèvement d'échantillons

Au total, 16 substances ont été décelées dans les échantillons. Il s’agit soit de fongicides soit de métabolites de fongicides. (Photo: FiBL, Bernhard Speiser)

Les vignobles suisses sont souvent petits et disposés en une mosaïque de parcelles et de modes d’exploitation différents. On peut donc supposer que des pesticides sont régulièrement entraînés depuis des vignobles conventionnels vers des vignobles biologiques. Néanmoins, on ne trouve généralement pas de résidus de pesticides dans les vins biologiques. Le FiBL Suisse a publié une étude à ce sujet.

Au total, 16 substances ont été décelées dans les échantillons. Il s’agit soit de fongicides soit de métabolites de fongicides. Dans les échantillons des premiers rangs de vignes, 6,4 substances, en moyenne, ont été détectées par échantillon. La concentration des résidus des substances décelées par screening était nettement plus élevée dans les feuilles que dans les échantillons de fruits, soit 25 à 50 fois plus. Les concentrations de résidus dans les fruits et le vin étaient similaires. S’agissant des échantillons de feuilles, les concentrations de résidus étaient nettement plus élevées (5 fois plus) dans le premier rang que dans le deuxième.

De l’acide phosphonique dans tous les échantillons

Le fongicide fosétyl a été détecté beaucoup moins souvent dans les fruits que dans les feuilles et plus rarement dans le vin que dans les fruits. En revanche, l’acide phosphonique a été décelé dans tous les échantillons de feuilles, de fruits et de vin. Les concentrations de résidus d’acide phosphonique étaient 2 à 3 fois plus élevées dans les feuilles que dans les fruits; dans les fruits et le vin, elles étaient similaires. Les échantillons de feuilles ne présentaient aucune différence entre le premier et le deuxième rang.

La distribution des résidus suggère que la dérive est la cause la plus probable de la présence des pesticides détectés lors du screening. Les résidus d’acide phosphonique reflètent le comportement particulier de cette substance, qui est stockée dans le bois pendant l’hiver et transportée à nouveau vers les feuilles et les fruits pendant la période de végétation. En ce qui concerne les pesticides détectés lors du screening, deux des quatre vins analysés dépassent le seuil d’intervention s’appliquant aux produits biologiques.

Depuis avril 2023, un seuil d’intervention de 0,05 milligramme par kilogramme s’applique aux résidus d’acide phosphonique dans les denrées alimentaires non transformées. L’expérience montre que la teneur en acide phosphonique du raisin et du vin est similaire. Les quatre vins analysés dépassent ce seuil d’intervention. Or, les viticultrices et viticulteurs bio n’ont qu’une influence limitée sur la quantité de pesticides qui parviennent sur leurs vignes par dérive. C’est tout particulièrement le cas pour l’acide phosphonique, dont les causes des résidus sont encore mal connues.

Cet article est paru en août 2023 dans la publication en libre accès Recherche Agronomique Suisse.

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