L’agriculture contribue à hauteur d’environ 11 % aux émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les émissions du sol y prennent la part principale – surtout sous forme de gaz hilarant. "Tandis qu’on pensait jusque-là généralement que les surfaces cultivées en bio émettaient plus de gaz à effet de serre par tonne de rendement de plantes, notre étude donne une autre image", commente Andreas Gattinger. "L’agriculture biologique contribue à réduire le changement climatique."
Comparaison de cultures depuis 1978
Les analyses ont été effectuées par l’Institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL et par le centre de compétences de la Confédération suisse pour la recherche agronomique Agroscope dans le cadre de l’essai DOC de longue durée à Therwil (Bâle-Campagne). Depuis 1978, on y compare les grandes cultures bio-dynamiques (D), bio-organiques (O) et conventionnelles (C) telles que blé, pommes de terres, maïs, soja ou prairies temporaires sur le même site. Après une durée de 34 ans, on a maintenant déterminé les quantités du principal gaz à effet de serre en agriculture, le gaz hilarant (N2O), pour la rotation de cultures prairie temporaire-maïs-engrais verts dans cinq systèmes culturaux. Ceux-ci incluaient deux systèmes d’exploitation biologiques (bio-dynamique et bio-organique) deux systèmes conventionnels (avec/sans engrais de ferme) et un témoin sans engrais.
Système bio-dynamique: valeurs de gaz hilarant les plus basses
Le résultat: par hectare, les surfaces cultivées en bio présentaient des émissions de gaz hilarant inférieures de 40 % par rapport aux terres cultivées de manière conventionnelle. Sur la base des rendements, le système "bio-dynamique" présentait les émissions de gaz hilarant les plus basses, le système "sans engrais" les plus hautes. Pour les rendements du maïs, on n’a pas relevé de différences dans les émissions de gaz hilarant entre exploitation biologique et exploitation conventionnelle.
Selon les auteurs, "cela prouve que ce n’est pas uniquement le fait de renoncer à l’engrais, mais une exploitation ciblée avec une rotation des cultures variée et de l’engrais de ferme, comme le fumier et le lisier, qui permet de conserver d’importantes fonctions du sol pour réduire les émissions dans la production végétale". Ce résultat est appuyé par le fait que d’importants indicateurs de la fertilité du sol, comme le pH, la matière organique sous forme d’humus ainsi que la biomasse microbienne dans le sol, ont eu une corrélation négative avec les émissions de gaz hilarant.
Toujours selon les auteurs, "ces connaissances permettent d’optimiser les systèmes d’exploitation agricoles en ce qui concerne leurs émissions de gaz à effet de serre." En outre, les résultats de l’étude devraient maintenant être appliqués à des sols, régions et systèmes culturaux différents, dans des études de longue durée supplémentaires.
Les travaux pour l’étude ont été financés par les Offices fédéraux de l’environnement (OFEV) et de l’agriculture (OFAG), par la Fondation Mercator Suisse et par le Fonds national suisse dans le cadre du programme national de recherche "Ressource sol" PNR 68.
Le présent message est basé sur le communiqué aux médias "Ökolandbau mindert Klimawandel", publié par l’université Justus Liebig de Giessen, le 14 mars.
Pour en savoir davantage
Contact
- Dr. Paul Mäder, Institut de recherche de l’agriculture biologique FiBL
Téléphone +41 62 865 72 32 ou mobile +41 79 346 18 86 - Prof. Dr. Andreas Gattinger, université Justus Liebig de Giessen
Téléphone +49 641 99 37731
Publication originale
Skinner C, Gattinger A, Krauss M, Krause HM, Mayer J, van der Heijden MGA, Mäder P (2019) The impact of long-term organic farming on soil-derived greenhouse gas emissions. Scientific Reports, 9:1702; DOI: 10.1038/s41598-018-38207-w.
Disponible sur