De nouvelles recherches montrent que les insectes pollinisateurs sauvages, notamment les abeilles, jouent un rôle essentiel dans la pollinisation des plantes sauvages et cultivées. Leur abondance et leur diversité spécifique ont cependant fortement diminué au cours des dernières décennies, avec des conséquences négatives pour l’agriculture. Une nouvelle fiche technique du FiBL fait la synthèse des principaux résultats des recherches scientifiques et propose une liste de mesures destinées à les favoriser et à les protéger. Cette fiche peut être téléchargée gratuitement sur le site www.shop.fibl.org.
Les pollinisateurs sont menacés
Près de 80% des plantes cultivées ont besoin des insectes pour leur pollinisation. À l’échelle mondiale, la valeur économique de l’activité de ces derniers est estimée à 153 milliards d’euros. Jusqu’à présent, environ 80 % de l’activité pollinisatrice étaient attribués aux abeilles domestiques. De nouvelles recherches montrent toutefois que leur rôle est surestimé, d'autant plus que leur importance a nettement diminué ces dernières années dans de nombreuses régions compte tenu du fort recul de l'apiculture et de la mortalité. Cependant, le déclin des abeilles sauvages est important lui aussi : selon le pays et la région, entre 25 et 68 % des espèces d’abeilles sauvages sont actuellement menacées en Europe centrale.
Trop peu d’habitats riches en fleurs et des pratiques agricoles trop intensives
L’intensification de l’agriculture au cours des cinquante dernières années a entraîné la dégradation de nombreux habitats où les fleurs et les petites structures étaient abondantes. Aujourd’hui, dans de nombreuses zones agricoles, les paysages sont dégagés et pauvres en fleurs. La forte réduction des ressources alimentaires et des sites de nidification ainsi que la fragmentation croissante de l’habitat, où ne subsistent que quelques îlots riches en fleurs et en petites structures propices à la nidification, ont entraîné une forte réduction du nombre et de la diversité spécifique des abeilles sauvages.
L’usage répandu d’insecticides à action partiellement systémique entraîne directement la mort d’abeilles, de syrphes, de coléoptères et de nombreux autres insectes butineurs ou, à doses sublétales, a un impact négatif sur leur comportement, leur reproduction et le développement de leur système nerveux. Dans le cas des abeilles en particulier, les données les plus récentes indiquent que les pesticides peuvent même perturber leurs défenses immunitaires.
En premier lieu, prendre des mesures pour favoriser et protéger les abeilles
Pour enrayer le déclin des populations d'abeilles, il faut accroître les zones riches en fleurs comportant, en plus des surfaces connues pour favoriser la biodiversité, des parcelles florales spécifiquement aménagées pour les pollinisateurs. Il importe en premier lieu de préserver les habitats riches en fleurs et comportant de nombreuses petites structures, une étroite proximité entre les sites de nidification et d'alimentation et une abondance continuelle de fleurs du début du printemps jusqu’à la fin de l’été. Toute mesure permettant d’augmenter la quantité, la diversité et la distribution des plantes à fleurs ainsi que la multiplication de petites structures bien exposées au soleil se traduit par un accroissement de la diversité spécifique et de la taille des populations d’abeilles sauvages et, finalement, par une amélioration de la pollinisation des plantes cultivées et sauvages.
Une autre mesure favorable consiste à recourir uniquement à des produits phytosanitaires dont les effets secondaires sur les organismes non cibles tels que les insectes, autres petits animaux et vertébrés sont modérés ou inexistants. Pour ce faire, l'idéal est de combiner l'utilisation diversifiée des sols, les modes de production agricole préservant les ressources tels que la production à faible intensité d'intrants, l'agriculture biologique et le non-recours aux adjuvants chimiques. Les mesures destinées à favoriser les abeilles sauvages et les auxiliaires et à protéger les abeilles domestiques génèrent d'importantes synergies.
L’agriculture biologique stimule les abeilles sauvages
En tant que système global, l'agriculture biologique contribue à préserver et à favoriser les abeilles sauvages, notamment par les mesures suivantes:
- non-recours aux pesticides chimiques de synthèse
- non-recours aux engrais artificiels
- plus d’associations trèfle-graminées dans les rotations; en effet, diverses espèces de bourdons et d'abeilles sauvages sont favorisées par les légumineuses qui leur apportent une nourriture abondante
- utilisation de désherbants non chimiques, ce qui permet le développement d’une flore messicole riche, source importante de nectar et de pollen.
- exploitation extensive des prairies, leur conférant une plus grande richesse florale, réduisant la domination des graminées et générant une plus grande abondance de plantes pollinisées par des insectes.
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Nouvelle fiche technique
Cette fiche technique du FiBL résume l’état actuel des connaissances scientifiques sur l’importance des abeilles sauvages dans la pollinisation des plantes sauvages et cultivées. Elle cite les causes actuellement connues du recul des abeilles sauvages, présente l’effet de l’agriculture biologique et propose une liste de mesures destinées à favoriser et à protéger ces pollinisateurs en plus de celles qui sont déjà appliquées. La fiche technique peut être téléchargée gratuitement sur le site www.shop.fibl.org.
Liens
- fibl.org : Sujet agriculture biologique et biodiversité
- shop.fibl.org : Fiche technique : Abeilles sauvages et pollinisation