Une grande partie des exploitations laitières européennes sont tributaires de leur propre production fourragère pour l’alimentation de base de leur cheptel. La productivité des plantes fourragères nécessite cependant des conditions météorologiques favorables. Afin d’évaluer les effets potentiels du changement climatique sur la performance des exploitations de différentes zones climatiques, le FiBL a analysé les données économiques d’une centaine de milliers d’exploitations laitières réparties dans l’ensemble de l’Europe. Les données ont été corrélées à des cartes de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui représentent les rendements potentiels à long terme des fourrages verts et des grandes cultures.
Davantage de lait dans le nord et moins dans le sud
Les résultats montrent une hausse des rendements des fourrages verts pouvant atteindre 12,5 % par hectare dans les régions nordiques et dans les zones montagneuses comme les Alpes, ce qui augmentera la production de lait. On peut toutefois s’interroger sur l’adéquatio de ces régions à des densités de bétail plus élevées. Une option plus respectueuse de l’environnement consisterait à utiliser moins d’aliments achetés et surtout moins de concentrés, d’autant plus que la concurrence pour les denrées alimentaires augmente sous la pression de la croissance de la population mondiale. En revanche, les changements seront probablement moins marqués en Europe centrale et occidentale. Dans ces régions, une conversion aux plantes fourragères tolérantes à la sécheresse (en remplaçant par exemple les prairies artificielles par des champs de luzerne) pourrait accroître la productivité. Dans les pays du sud de l’Europe, il faut s’attendre à une diminution des rendements des fourrages verts et donc des rendements laitiers. La conversion à d’autres plantes fourragères pourrait donc être une stratégie d’adaptation efficace dans ces régions.
Les prairies sont les plus stables
Les recherches montrent également que les exploitations purement herbagères sont les moins fortement touchées, car les rendements des prairies sont relativement stables. Les agriculteurs qui utilisent les plantes fourragères les plus rentables de leur région respective peuvent donc maintenir la production à son niveau actuel, voire l’augmenter, et ce, dans presque toutes les régions et tous les types d’exploitation. Ces résultats globalement plutôt positifs ne sont toutefois valables que si les systèmes demeurent stables en dépit du réchauffement climatique. Il se peut également que des événements météorologiques extrêmes et des canicules anéantissent tout impact positif d’un réchauffement climatique.
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Simon Moakes
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